18.
Imbole

 

Journal de Benedict, abbé cistercien, décembre 1771

 

Aujourd’hui, nous avons organisé les tristes funérailles de l’un de nos fils. Le frère Sinestus Tor a été rapatrié de Baden et déposé en terre dans le cimetière de l’abbaye pour qu’il y trouve le repos éternel. Bien que sa mère m’ait assuré qu’il avait reçu l’extrême-onction, les frères et moi avons tout de même accompli des rites de purification en implorant Dieu de lui pardonner. Je ne peux me figurer le gentil Sinestus, si intelligent, si plein d’espoir, devenant l’agent du démon, mais il y a des faits en la matière qui me troublent grandement, et que, si Dieu veut, j’emporterai avec moi dans la tombe. Comment se fait-il que ce garçon soit mort au moment exact où la sorcière Nuala Riordan brûlait sur le bûcher ? Ils se trouvaient à des centaines de kilomètres l’un de l’autre et ne disposaient d’aucun moyen de correspondance. Et que penser de la marque découverte sur l’épaule du mort ? Sa mère n’en a pas fait mention ; a-t-elle vu ou non sa dépouille ? La cicatrice n’a pu être causée que par une brûlure. Une brûlure en forme d’étoile, entourée d’un cercle.

Je prie pour que nous ayons bien fait de lui permettre de reposer en terre consacrée. Que Dieu ait pitié de nous tous.

B.

 

 

* * *

 

 

— Avale ça, m’a encouragée Hunter en glissant un mug brûlant entre mes doigts.

J’ai bu une gorgée du bout des lèvres et me suis aussitôt étranglée, écœurée par son goût infect.

— Beurk, ai-je protesté d’une voix fluette. C’est répugnant.

— Je sais. Bois-le quand même. Ça te fera du bien.

Docilement, j’ai avalé le breuvage en grimaçant.

J’étais pelotonnée devant le feu de cheminée, chez Hunter. Malgré les habits de Sky qu’il m’avait prêtés – car les miens étaient restés au cimetière – et la couverture qui m’enveloppait, je frissonnais de façon incontrôlable.

— Sky n’est pas là ?

— Si, elle dort dans sa chambre. Demain matin, quand elle aura cuvé, elle se sentira probablement plus mal que toi.

— J’en doute.

Tous les muscles, les os, les nerfs, les tendons de mon corps me mettaient au supplice. Même mes cheveux et mes ongles me faisaient souffrir. J’appréhendais le moment où il me faudrait me lever pour marcher, sans même parler de conduire. Mes articulations ont craqué comme celles d’une vieillarde quand j’ai levé la tasse pour reprendre une gorgée.

— Hunter, qu’est-ce que tu faisais dans les bois ?

— Je te cherchais, a-t-il répondu, la mine sombre. Ciaran m’a envoyé un message m’avertissant que tu étais en danger.

Ciaran. J’aurais dû m’en douter.

— Comment m’as-tu retrouvée ? Et comment Eoife a-t-elle fait pour débarquer au dernier moment ?

— On a utilisé un sort de divination. Ciaran s’était protégé contre ce genre de techniques, pas toi. Il voulait que nous te cherchions. Que tu tombes sur moi pendant que tu étais sous ta forme animale. Il t’a mise à l’épreuve.

J’ai frémi une nouvelle fois à l’idée de ce que j’avais failli commettre. Puis, après avoir réfléchi un instant aux paroles de Hunter, j’ai froncé les sourcils.

— Moi aussi, j’avais lancé un sort pour que personne ne me retrouve sans mon consentement.

En voyant son expression gênée, j’ai compris qu’il me mentait.

— Tu portes un sceau de détection, a-t-il admis.

Il a expiré longuement, comme s’il était rassuré que je le sache enfin.

— Pardon ?

— Tu portes un sceau de détection, a-t-il répété, mal à l’aise. C’est Eoife qui l’a posé sur toi, samedi matin.

Je l’ai dévisagé, ahurie.

— Nous avions besoin de savoir où tu te trouvais, et avec qui. Cette mission était si dangereuse que nous n’avions pas le choix.

Si nous avions eu cette conversation avant qu’Eoife débarque dans ma vie, j’aurais été furibonde. Là, après tout ce que j’avais vécu, je ne ressentais qu’une vague gratitude.

— J’ai échoué lamentablement, ai-je soupiré en regardant le fond de ma tasse. Je n’ai rien appris de la vague noire à venir. J’ai condamné Alyce et Starlocket à une mort certaine…

— Non, Morgan, a protesté Hunter en me tapotant le genou à travers la couverture. Tu as fait venir Killian, et Ciaran. Ils savent que nous sommes là, sur nos gardes. Et puis te sortir de là vivante est une prouesse en soi, ne l’oublie pas.

— Tu parles… Au moins, j’ai réussi à lui poser le sceau de détection.

— C’est vrai ? Quand ça ?

— Juste après notre métamorphose. J’ai soufflé l’incantation dans sa fourrure et tracé le sceau dans son cou. Enfin… j’imagine que ça aussi, c’était inutile. Quand il aura retrouvé sa forme humaine…

— Le sceau sera toujours actif, a rétorqué Hunter, le sourire jusqu’aux oreilles. Par la Déesse, Morgan ! Le Conseil va sabrer le champagne ! C’est la meilleure nouvelle que j’aie reçue depuis longtemps.

Il s’est penché pour m’embrasser sur la joue et le front, puis il a poursuivi :

— Morgan, je pense que ta mission a été un succès retentissant. Tu as posé le sceau sur Ciaran, et nous sommes tous les deux sains et saufs…

Il m’a pris la main et y a déposé un baiser en me regardant avec espoir. Je ne savais pas comment réagir.

En vérité, sa joie n’était pas vraiment communicative. J’avais dissimulé un mouchard sur mon père biologique. Alors qu’il m’avait fait un cadeau magnifique… L’espace d’une seconde, je me suis retrouvée à quatre pattes, cavalant dans la forêt…

Et je me suis souvenue d’une chose : j’avais appris son nom véritable. L’essence de Ciaran. Une arme qui me donnait un pouvoir absolu sur lui. L’idée de m’en servir contre lui me retournait l’estomac. J’avais décidé de le garder secret, pour l’instant. Je ne le confierais ni au Conseil… ni à Hunter. En cas de nécessité absolue, je m’en servirais personnellement. Je ne voulais pas donner à quiconque le pouvoir de détruire mon père. J’en étais même incapable.

— Il voulait que tu me tues, a murmuré Hunter comme en réponse à mes pensées.

Il m’a serrée dans ses bras et j’ai senti la chaleur de son corps à travers la couverture.

— Un Traqueur de moins pour le Conseil. Et toi, non seulement tu aurais perdu ton muìrn beatha dàn, mais cela aurait tissé entre vous deux des liens plus forts encore que ceux de l’amour filial.

— Je commençais à m’attacher à lui, ai-je avoué en tremblant à l’idée de perdre Hunter.

— Je sais. Et c’est compréhensible. Je pense que, de son côté aussi, son affection était sincère. Malgré tout.

Je me suis remise à pleurer, calmement cette fois-ci. Je n’avais plus la force d’éclater en sanglots.

— Je suis là, a-t-il murmuré en me serrant fort. Je suis là. Tu es en sécurité. Tout ira bien.

— Comment peux-tu dire ça ? ai-je protesté d’une voix tremblante. Rien n’ira plus jamais bien.

— C’est faux.

J’ai plongé mon regard dans ses yeux verts, ces yeux qui m’avaient défiée lorsque j’étais louve, et j’ai compris. J’ai compris que, par nature, je servais le bien.

— Je t’aime tant, ai-je soufflé.

Dans un demi-sourire, il s’est penché vers moi, me cachant la cheminée et le feu qui y brûlait. Il va m’embrasser, ai-je pensé. Et ses lèvres étaient déjà sur les miennes. D’abord hésitante, j’ai fini par lui rendre ses baisers avec passion. Peu à peu, j’ai pris conscience d’une lumière qui nous baignait d’un éclat argenté. Nous nous sommes embrassés avec fougue, à croire que nous avions besoin de nous fondre l’un dans l’autre après une trop longue séparation. Soudain, comme chez Bree, des fleurs de toutes sortes se sont mises à tomber tout autour de nous, ce qui m’a fait rire. Hunter a levé la tête et un large sourire a illuminé son visage. Il m’a embrassée de plus belle, son corps collé au mien, et m’a réconfortée jusqu’aux tréfonds de mon âme. Hunter me serrait de nouveau dans ses bras, et je le serrais dans les miens. Oui, tout irait bien.

 

* * *

 

Mes parents sont rentrés le lendemain. Vu mon état, je n’étais pas allée au lycée. Dès que mes sens m’ont avertie que leur voiture s’engageait dans l’allée, je suis descendue doucement à leur rencontre.

— Bonjour ma chérie ! m’a lancé ma mère en m’étreignant.

J’ai essayé de ne pas gémir de douleur, même si j’avais toujours mal partout. Elle a jeté un coup d’œil à sa montre et m’a dévisagée comme si elle venait de se rendre compte que j’étais censée être en cours à cette heure-ci.

— Morgan ? a lancé mon père en entrant avec deux valises. Tu es malade ?

— Tu as une mine affreuse, a renchéri ma mère en posant la main sur ma joue. Tu as de la fièvre ?

— Je crois. J’ai préféré rester au chaud. C’est le seul jour de cours que j’ai manqué.

— Ma pauvre, a-t-elle compati. Retourne te coucher. Je t’apporte une aspirine.

— Je suis contente que vous soyez rentrés, ai-je répondu, la gorge nouée.

Ciaran était parti, Killian, une fois encore, avait disparu de la circulation, Hunter et moi, nous étions de nouveau ensemble (du moins le pensais-je), et mes parents étaient revenus. Une aube nouvelle se levait pour moi.

 

* * *

 

— Aujourd’hui, nous fêtons la lumière, a annoncé Eoife deux jours plus tard, en brandissant une bougie blanche. Ce jour est propice aux nouveaux départs, à la purification, au renouvellement de l’esprit, du corps et du foyer. Nous remercions la Déesse pour l’année écoulée et nous renouvelons notre dévotion à nos études et à la magye.

À côté d’elle, Alyce a allumé sa propre bougie à la flamme de celle d’Eoife, et les deux femmes ont échangé un sourire. Puis Alyce s’est tournée vers Suzanna et s’est penchée vers elle pour embraser le cierge de la sorcière brune qui était maintenant dans un fauteuil roulant. La flamme a ainsi fait le tour de la pièce, de bougie à bougie, de sorcier à sorcier.

— Louée soit la Déesse, avons-nous récité lorsque la dernière mèche a été allumée.

Puis, en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre, chacun de nous a jeté autour du cercle un peu de sel, ce qui faisait crisser nos pas. Ce samedi soir-là, le 2 février, nous fêtions Imbolc. Pour cette célébration joyeuse – l’un des quatre sabbats majeurs de la Wicca –, Kithic avait joint ses forces à celles de Starlocket, et nous étions vingt-six sorciers chez Hunter et Sky à nous purifier pour l’année à venir.

Une fois qu’Alyce nous a fait invoquer Brigid – qu’elle a prononcé « Breed » –, la déesse du feu, nous nous sommes assis pour former un grand cercle. J’ai laissé mon regard glisser vers Hunter, subjuguée par sa beauté à la lueur de la bougie. Il m’avait pour ainsi dire convaincue que, puisque j’avais choisi le bien, il ne risquait pas grand-chose à sortir avec moi. À présent, chaque fois que je le voyais, mon cœur s’emballait et j’éprouvais un besoin irrésistible de le serrer dans mes bras.

— Louée soit la Déesse, a soufflé Hunter, et nous l’avons imité. Cette ronde joyeuse célèbre le début de la fin de l’hiver. Les jours rallongent, la lumière du soleil s’intensifie – c’est une époque vouée à la renaissance.

— Oui, a poursuivi Eoife. Nombre de sorciers choisissent cette période de l’année pour faire le nettoyage de printemps de leur maison, pour accomplir des rites de purification et repartir sur des bases saines.

— C’est aussi une période de renaissance spirituelle, a ajouté Alyce, le visage serein. Je profite de ce jour de fête pour pardonner à ceux qui m’ont offensée et chercher le pardon de ceux que j’ai offensés. Pour commencer la nouvelle Roue de l’Année à zéro.

À ma grande surprise, Alisa a pris la parole :

— Dans un livre, j’ai vu qu’il existait un rituel où l’on écrit sur un bout de papier les choses dont on souhaite se débarrasser dans l’année à venir – nos propres défauts, nos problèmes, nos soucis –, avant de brûler le papier.

— Tout à fait, a répondu Hunter. Nous le ferons dans un instant. Pour le moment, nous allons nous relever et invoquer le Dieu et la Déesse.

Nous avons joint nos mains.

— Que les cercles de Starlocket et de Kithic soient toujours puissants, a lancé Hunter.

— Et qu’ils soient loués, ai-je murmuré.

Tandis que nous tournions dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, Hunter a entonné un chant à voix basse. Sans le connaître, j’en comprenais toutefois la signification : il encourageait à s’écarter des ténèbres pour vivre dans la lumière. Peu à peu, Alyce et Sky ont joint leurs voix à la sienne et, comme les paroles me venaient d’elles-mêmes, j’ai chanté avec eux. Une énergie joyeuse, indescriptible, m’a envahie. J’ai croisé le regard de Hunter. Il m’a souri. Je lui ai rendu son sourire.

En face de moi, Alyce avait levé la tête vers le ciel – son visage était un masque de joie pure. Elle était toujours près de moi et Starlocket était intact. Savoir que je n’y étais pas étrangère m’a réchauffé le cœur. Dans les temps à venir, le Conseil traquerait Ciaran et, s’il s’aventurait de nouveau par ici, j’étais prête à l’affronter. Pour la première fois depuis des semaines, je me sentais merveilleusement bien et heureuse.

 

* * *

 

Plus tard ce soir-là, devant chez moi, je sortais les clés de ma poche lorsque mon pied a heurté quelque chose. Dès que j’ai vu le petit paquet de soie violette, mon sang s’est figé dans mes veines. J’ai regardé autour de moi, à la recherche de Ciaran. Je savais que c’était lui qui l’avait déposé là. J’ai eu beau projeter mes sens pour le localiser, je n’ai repéré que Dagda, qui m’attendait de l’autre côté de la porte.

Doucement, je me suis accroupie pour ramasser le paquet. Les traces de magye me picotaient presque les doigts. J’ai défait le nœud et, bouche bée, j’ai contemplé la montre en or. Celle que j’avais trouvée dans l’ancien appartement de Maeve. Ciaran me l’avait prise avant de tenter de me dérober mes pouvoirs, à New York.

— Par la Déesse ! ai-je marmonné.

Un petit mot l’accompagnait : « Elle te revient. »

J’ai caressé la montre – un véritable trésor de famille, un objet à conserver précieusement et à transmettre de génération en génération.

Malheureusement, comme elle me venait de Ciaran, je n’étais même pas censée la toucher. Il me l’avait donnée par amour, je n’en doutais pas, mais aussi par calcul, pensant certainement qu’un jour cela tournerait à son avantage. Ciaran était comme ça : lumière et ténèbres. Comme moi, comme le monde, comme tout.

Je l’ai remise dans le morceau de soie. J’ai dû me faire violence pour ne pas rentrer me coucher aussitôt et me forcer à reprendre le volant. J’ai quitté la ville pour retrouver la clairière où Sky m’avait un jour surprise en train d’utiliser les outils de Maeve.

Le sol étant gelé, j’ai prononcé un petit sort pour qu’il me soit plus facile de creuser. J’ai fait un trou d’au moins cinquante centimètres et, avec des sentiments doux-amers, j’y ai déposé la montre. J’ai rebouché le trou, puis je me suis agenouillée et j’ai récité tous les sorts de purification et de protection contre le mal que je tenais de Hunter, d’Eoife et d’Alyce. Ensuite, j’ai regagné ma voiture d’un pas las en me disant que j’aurais de la chance si je parvenais à la maison sans m’endormir au volant.

Avec le temps, l’énergie curative de la terre finirait par purifier la montre et en effacerait toute trace de magye noire. Ce processus demanderait probablement des années, mais, un jour, je savais que je reviendrais la chercher.

L'appel
titlepage.xhtml
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Tiernan,Cate-[Wicca-3]L'appel(2001).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html